Nous savons peu du processus d’insertion et des pratiques migratoires des jeunes d’origine immigrée en région. Une étude qualitative fut entreprise en 1997 auprès de jeunes régionaux issus de parents immigrés, dans le cadre des travaux du « Groupe de recherche sur la migration des jeunes québécois ». Cet article a comme objectif de montrer à quel point ces jeunes régionaux d’origine immigrée ont un rapport à l’espace « élargi » et « transformé » notamment par un vécu de migrations multiples, à la fois internes et externes, et un héritage familial particulier. Ce vécu original imprègne leur sentiment d’appartenance à un territoire donné, ces jeunes se disant à la fois attachés à la région québécoise où ils ont passé leur enfance et à d’autres régions du monde où ils ont parfois séjourné pendant les vacances d’été auprès de la parenté ou encore pendant des stages d’études, d’aventure ou d’entraide humanitaire. L’analyse de la complexité du processus qui les lie à l’espace – tant local que mondial – est présentée. Elle est notamment fondée sur les propos des jeunes eux-mêmes, élaborant leur conception d’une vie « de qualité » et les motifs de leur enracinement territorial. Il en ressort une vision à la fois locale et transnationale du territoire à habiter. Cette analyse apporte une perspective diachronique pouvant éclairer la politique actuelle de la régionalisation de l’immigration.