L'État occupe plusieurs fonctions dans les sociétés capitalistes avancées. Sa structure même, et plus encore ses divers programmes, est l'enjeu de tensions entre les fractions de la bourgeoisie dans un premier temps, et des luttes entre la bourgeoisie et les groupes dominés dans un deuxième. La ligne de démarcation et de confrontation entre ces groupes progresse et recule au fil des ans. Les minorités francophones du Canada ne font pas exception à cette articulation à l'État. Il est donc très utile d'analyser la situation des francophones de la Saskatchewan, qui, malgré une situation linguistique des plus précaire, obtiennent en 1988 deux ententes formelles avec le gouvernement fédéral. Suite à l'une de ces ententes, la communauté fransaskoise se dotait d'une stratégie provinciale de développement. Cet article analyse les répercussions de cette stratégie et de l'entente sur les rapports entre les Fransaskois, en tant que groupe dominé, et l'État. Nous concluons que les contradictions inhérentes à une telle entente permettent au groupe dominé une autonomie et une prise de contrôle de sa situation accrues tout en risquant de l'imbriquer davantage dans les structures et les rouages de l'État.