Dans le domaine de la recherche sur l’ethnicité, la notoriété de Fredrik Barth n’est plus à faire. La reconnaissance qu’on lui témoigne à travers le monde depuis une cinquantaine d’années paraît inaltérable. Elle ne porte toutefois que sur quelques aspects très ciblés de son travail qui s’est finalement cristallisé autour de la notion de frontières (1969). Il est probable qu’une perspective aussi étroite ait contribué non seulement à une réduction de la pensée de Barth, mais aussi à la perte d’une certaine densité de la pensée constructiviste dans l’étude de l’ethnicité. Ma proposition consiste à montrer que la métaphore des frontières est un outil puissant indispensable à la modélisation des systèmes ouverts. Cette démonstration me permet deux choses : d’abord, de fournir quelques arguments à l’appui de mon hypothèse de l’engagement de Barth dans un constructivisme respectueux de tous les préceptes de la démarche systémique ; et de convaincre ensuite le lecteur de l’importance pour les études ethniques de fonder sur de meilleures assises la construction des connaissances qu’elles diffusent au sujet des différences humaines. La démarche dans son ensemble peut être considérée comme un plaidoyer pour une meilleure épistémologie des études ethniques, notamment dans le riche contexte des études ethniques à Montréal et au Québec.