L’accessibilité à l’espace public n’est pas toujours la même pour toutes et tous : elle est plutôt modulée selon le genre, l’ethnicité et/ou la classe sociale. Cet article jette un éclairage sur les rapports sociaux intersectionnels qui sont en jeu dans l’accessibilité aux espaces publics, plus spécifiquement dans le contexte de transformation des quartiers centraux montréalais. Il propose l’étude des cas comparés de la place Gennevilliers-Laliberté et de la place Simon-Valois, situées toutes deux au coeur du quartier Hochelaga-Maisonneuve. Depuis les années 2000, ce quartier connait non seulement d’importants réaménagements urbains, mais aussi une gentrification et une diversification ethnique de sa population, qui ne sont pas sans poser des enjeux de cohabitation. Nos données recueillies à l’aide d’observations directes et de questionnaires courts montrent que la cohabitation intergroupe sur ces deux places publiques se déroule dans un climat relativement pacifique. Alors que l’analyse fine des données met à jour des pratiques de l’espace différenciées selon le genre et l’appartenance ethnique, « l’inattention civile » dans l’espace public cache une autre réalité. Certaines personnes choisissent en effet de s’approprier l’espace périphérique en adoptant une stratégie d’évitement de l’une ou l’autre des places étudiées.