Ce texte est une réflexion sur les pratiques canadiennes et québécoises des trente dernières années en regard d’une éthique de diversité linguistique harmonieuse. En première partie, il décrit l’architecture des politiques linguistiques canadiennes et québécoises. En deuxième partie, il examine les défis qui guettent ces deux États. Le constat étayé est que la politique linguistique de l’État fédéral s'est développée sous l'impulsion d’une idéologie stratégiste basée sur des rapports de pouvoir. Ce faisant, elle se heurte aux fondements d’une idéologie dont la source est identitaire, comme celle du Québec, et utilise la diversité linguistique et le multiculturalisme comme stratégies réactives. Aujourd’hui, les stratégies s’accentuent, les identités s’affirment de plus en plus. La diversité clame sa différence. Et les jeux de pouvoir politiques ne sont plus viables car l’identité se joue dans une sphère tant communautaire qu’étatique; elle réclame les moyens d’assumer sa différence. À une autre échelle, et selon des variantes, le même phénomène se manifeste au Québec. En conclusion, ce texte postule que pour mettre en place une politique linguistique basée sur une diversité harmonieuse, il faut substituer les mythes, les cadres régulateurs et les pratiques fondées sur les relations de pouvoir par des notions porteuses de complémentarité et de solidarité. Au Québec, la mise en place de mesures basées sur la reconnaissance mutuelle dans la diversité pourrait également conduire à une plus grande acceptation et adoption du français, langue commune.